2. De décembre 1940 à l'automne 1941

  Le renvoi de Laval, libéré le 17 décembre de sa prison mais ne revenant pas au pouvoir, créé des difficultés avec l'occupant allemand. Pierre-Etienne Flandin remplace Laval, ce qui provoque la colère des Allemands. Hitler y voit même un affront, la ligne de démarcation est fermée, les Allemands envisagents de rompre l'armistice. Pétain est impuissant devant l'application de ces mesures. L'année 1941 débute donc par une rupture des relations entre Vichy et Berlin.

  Le maréchal s'adresse à la nation le 14 décembre, pour annoncer le renvoi de Pierre Laval. Cela affirme la légitimité de Pétain aux yeux du peuple français. On croyait en effet depuis Montoire que le maréchal se faisait manipuler par Laval ou que ce dernier avait trop d'influence sur Pétain. Avec son renvoi, on se débarasse de cette impression négative : 

« Français ! Je viens de prendre une décision que je juge conforme à l'intérêt du Pays. M. Pierre Laval ne fait plus partie de mon gouvernement. M. Pierre-Etienne Flandin reçoit le portefeuille des Affaires étrangères. L'acte constitutionnel n°4 qui désigne mon successeur est annulé. C'est pour de hautes raisons de politique intérieure que je me suis résolu à prendre cette détermination. Elle ne retentit en rien sur nos relations avec l'Allemagne. Je demeure à la barre. La Révolution nationale se poursuit. »

Pétain et de Gaulle correspondent chacun à la définition de la légitimité de Michel Crozier. Selon ce sociologue, à chaque fois qu'un individu possède un savoir ou des connaissances, alors il est en mesure d'exercer un pouvoir sur les autres. C'est le cas d'un maître d'école, d'un médecin. Dans le drame de la France, des Français accordent la confiance en Pétain car il est le seul pour obtenir des concessions de la part des Allemands. De même des Français accordent la confiance du général de Gaulle en estimant qu'il a les capacités pour continuer le combat.